Santé et réseaux sociaux : Une charte pour les professionnels de santé
La diffusion de fausses informations médicales sur les réseaux sociaux est un véritable fléau, menaçant la santé publique et altérant la relation de confiance entre patients et professionnels de santé. Conscient de cet enjeu, l’Ordre des médecins (Cnom) a décidé de réagir en élaborant une charte de bonnes pratiques destinée aux médecins qui prennent la parole en ligne.
Dévoilée lors d’une conférence de presse par le président du Cnom, François Arnault, cette charte repose sur dix principes fondamentaux visant à garantir une information fiable, scientifique et accessible à tous. Les professionnels signataires s’engagent notamment à :
- Partager du contenu médical et scientifique validé et vulgarisé pour être compréhensible par le grand public.
- Ne pas promouvoir de pratiques ou de thérapies non validées scientifiquement.
- Éviter de donner des conseils médicaux personnalisés en ligne.
- Ne pas utiliser les réseaux sociaux comme un outil de promotion personnelle ou commerciale.
- Ne pas recourir à des stratégies payantes pour améliorer la visibilité de leurs contenus.
Une réaction face à la montée des “médecins influenceurs”
Dans un contexte où les plateformes numériques regorgent de médecins auto-proclamés et de promoteurs de médecines alternatives douteuses, cette charte s’impose comme une nécessité. “Il fallait prendre des actions face à ces pratiques trompeuses”, affirme Claire Siret, médecin généraliste.
L’initiative vise également à encourager les jeunes professionnels à s’exprimer en ligne dans un cadre déontologique clair. “Cette charte permettra de répondre aux interrogations des médecins qui veulent s’impliquer sur les réseaux sans risquer de déroger à leur éthique”, souligne Nawale Hadouiri, connue sous le pseudonyme @Dr_Nawell2.0 sur les réseaux sociaux.
YouTube, l’une des principales plateformes de diffusion de contenu vidéo, a participé à l’élaboration de cette charte. Depuis la crise sanitaire du Covid-19, la plateforme s’efforce de limiter la propagation des fausses informations en santé. “Nous voulons aider la nouvelle génération de médecins à utiliser les réseaux sociaux comme un canal de communication responsable”, explique Justice Ryst, directrice générale de YouTube France.
Le partenariat avec des hôpitaux et la mise en place d’un label garantissant la fiabilité des vidéos de santé sont autant d’initiatives visant à crédibiliser les professionnels de santé face aux influenceurs qui propagent des informations erronées.
Un cadre éthique et déontologique pour restaurer la confiance
Si certains médecins redoutaient que cette charte ne restreigne leur liberté d’expression, Arthur Lefort, médecin généraliste ayant participé à l’élaboration du texte, rassure : “L’objectif n’est pas de brider la parole des médecins, mais de la légitimer et de renforcer sa crédibilité face à la masse d’informations circulant sur les réseaux.”
Cette charte marque donc un pas important vers une meilleure régulation des contenus médicaux en ligne, en mettant l’accent sur la responsabilité et l’éthique des professionnels de santé dans leur communication digitale.